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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/450

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pays de Clèves. Il remplissoit ses magasins, et donna tant d’alarme aux Hollandois, qu’ils firent travailler aux fortifications de Nimègue et de Zutphen, et lui payèrent cent vingt mille florins des subsides qu’ils lui devoient de la dernière guerre.

Le roi de Prusse inquiétoit aussi le roi d’Angleterre, son beau-père, par les plaintes qu’il faisoit de lui et par ses liaisons étroites avec le czar. Le gendre se déclaroit vivement piqué de trouver son beau-père opposé partout à ses intérêts, difficile sur les moindres bagatelles ; dans son dépit, il protestoit qu’il ne tiendroit pas à l’empereur de l’attacher, inviolablement à ses intérêts, parce qu’il étoit persuadé que le chef de l’Empire devoit être et seroit l’arbitre de la paix du Nord. Il se plaignoit qu’une escadre anglaise eût bloqué le port de Gottembourg, et que Georges fit tenir le baron de Gœrtz si étroitement dans les prisons de Hollande, qu’il n’y avoit eu que le seul adoucissement d’y faire porter son lit.

En même temps la cour de Londres étoit si remplie de cabales, que le roi d’Angleterre n’avoit pu conserver ses principaux ministres. Townshend, secrétaire d’État, avoit quitté cette place pour la vice-royauté d’Irlande, qu’il perdit encore bientôt après. Methwin, aussi secrétaire d’État, et Walpole, premier commissaire de la trésorerie, furent démis aussi, ainsi que Pulteney de [la place] de secrétaire des guerres, et le duc de Devonshire, leur ami, et de même cabale, ne voulut pas demeurer président du conseil après leur disgrâce, et remit cette grande place. Stanhope changea la sienne de secrétaire d’État pour celle de premier commissaire de la trésorerie.

Parmi ces mouvements, la cour d’Angleterre étoit médiocrement occupée des affaires du dehors, et Stanhope encore moins, qui en avoit quitté la direction. Ainsi, ses réponses à Beretti étoient sèches, obscures, et désoloient l’activité de ce ministre sur une affaire dont il désiroit ardemment la