Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/106

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d’y travailler, l’animosité d’Albéroni et d’Acquaviva contre Giudice lui attira des désagréments publics. Le roi d’Espagne lui fit ordonner d’ôter de dessus sa porte à Rome les armes d’Espagne. Ses représentations furent inutiles, ainsi que les offices du régent qu’il réclama, et que ce prince lui accorda. Il protesta de son attachement pour la France, de son empressement à le marquer. Il chercha à se lier au cardinal de La Trémoille, son ancien ami, malgré tout ce qui s’étoit passé entre la princesse des Ursins et lui. Il étoit de la congrégation du saint-office. La Trémoille le ménagea par cette raison pour les affaires de France, que Bentivoglio et ses adhérents embrasoient plus que jamais.

Ce fut en ce temps-ci que la position dangereuse de l’armée impériale, enfermée entre celle du grand vizir, qui venoit secourir Belgrade, et cette place assiégée, tenoit les amis et les ennemis de la maison d’Autriche dans une merveilleuse attente. Elle ne dura pas, et la victoire complète que le prince Eugène remporta sur les Turcs, la prise de Belgrade, et tous les succès qui la suivirent rapidement, fut une nouvelle incontinent répandue partout. Le régent, livré à l’Angleterre, s’étoit rendu à ses instances sur son union avec l’empereur ; mais ce prince, malgré la situation heureuse dans laquelle il se trouvoit, et les propositions qu’il recevoit de la part du régent, se défioit de ses desseins cachés, qui est le caractère le plus facile, et en même temps le plus de celui de la cour de Vienne.

On a vu les desseins de cette cour sur Ragotzi. Ses ministres n’oublioient rien pour veiller ses actions, et pour l’exécution de leurs ordres. Son séjour étoit encore matière d’un continuel soupçon à l’égard de la France. Welez, espion de l’empereur, dont on a déjà parlé, étoit chargé de le défaire de cet ancien chef des mécontents de Hongrie, à condition des plus grandes récompenses. Il avoit ordre de communiquer à Koenigseck tout ce qui regardoit cette importante affaire. Sur les avis qu’il donna, l’empereur fit