Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/111

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en ce temps-là que les Suédois découvrirent si à propos l’entreprise d’enlever le roi Stanislas aux Deux-Ponts, qui fut sur le point de réussir, comme on l’a déjà dit.

L’Angleterre, garante de la neutralité d’Italie, et de plus engagée avec l’empereur, par leur traité de l’année précédente, à lui garantir les États dont il étoit en possession, se plaignit vivement de l’infraction de l’Espagne ; mais comme il n’étoit pas de l’intérêt des Anglois de rompre avec elle, ils protestèrent que leur roi maintiendroit toujours une intelligence et une amitié constantes avec le roi d’Espagne ; et pour confirmer ces assurances, il fut résolu de faire partir incessamment le colonel Stanhope pour Madrid, qui y étoit destiné depuis longtemps. L’objet de cet envoi étoit de préparer de loin la cour d’Espagne à concourir au traité que le roi d’Angleterre se proposoit de faire entre l’empereur et cette couronne. Georges pressoit l’arrivée de Penterrieder à Londres, et pria en même temps le régent de ne point faire partir l’abbé Dubois pour s’y rendre, qu’il n’eût appris que Penterrieder étoit en chemin. Ce prince ne cessoit de représenter au régent l’intérêt pressant qu’il avoit de s’unir étroitement avec l’empereur, et d’avoir de puissants amis qui maintinssent son autorité, qu’il croyoit fort ébranlée par les mouvements du parlement de Paris et des cabales qui, selon lui, s’étendoient jusque dans le nord, et qui avoient engagé le czar d’envoyer un ministre à Madrid et un autre à Turin. Stairs eut ordre de lui tenir le même langage et de l’avertir que le baron de Schemnitz, qui venoit en France de la part du czar, s’attacheroit à la même cabale, surtout à d’Antin et aux maréchaux de Tessé et d’Huxelles. Il n’y avoit qu’à connoître les personnages pour n’en avoir pas grand’peur.

Le ministère de Londres en avoit beaucoup du czar, qui ne cachoit point ses mauvaises dispositions pour Georges. Ce dernier monarque et ses ministres, surtout les Allemands, haïssaient le roi de Prusse et ses ministres Ilghen et son