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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/112

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gendre Kniphausen, lequel ils croyoient avoir fabriqué une ligue avec le vice-chancelier du czar, fort contraire à l’Angleterre, qu’ils niaient depuis la victoire de Hongrie, mais qui leur faisoit craindre des mouvements du Prétendant, qui avoit des gens à lui à Dantzig, peut-être même le duc d’Ormond. Ils crurent avoir trouvé plus de froid dans le czar depuis que ses ministres avoient conféré avec ceux de France et de Prusse. Leur inquiétude sur la France ne put être rassurée par les assurances que Châteauneuf leur donna de n’avoir été à Amsterdam que pour marquer son respect au czar, sans avoir eu la moindre affaire à traiter avec lui. Châteauneuf avoit été employé par le feu roi, et c’en étoit assez pour mériter toute la haine du ministère de Georges. Aussi n’oublièrent-ils rien pour le faire rappeler, et pour engager le régent d’envoyer un autre ambassadeur en Hollande.

Ce fut en ce temps-ci que le vicomte de Bolingbroke fut reçu, mais secrètement, en grâce, et que Stairs eut ordre de le dire au régent, et de le prier de le regarder désormais comme un sujet que le roi d’Angleterre honoroit de sa protection. Stanhope, passant en France pour aller en Espagne, eut ordre aussi de faire voir au régent les instructions dont il étoit chargé. Le régent ne les ayant pas trouvées assez fortes, le colonel offrit de recevoir celles qu’il lui voudroit dicter, ayant ordre de se conformer d’agir avec un parfoit concert en Espagne avec l’ambassadeur de France. Stairs et lui eurent de longues conférences avec l’abbé Dubois, et tous deux en parurent très contents. Ils dirent même que le duc de Noailles et le maréchal d’Huxelles sembloient se disputer à qui seconderoit le mieux les vues du roi d’Angleterre. C’est un éloge que je n’ai jamais mérité.

Albéroni, se flattant du succès immanquable de son entreprise et plus encore des suites qu’il s’en promettoit, éloignoit toute proposition de traités et de négociations, et s’il étoit forcé de les entendre, les vouloit remettre à l’hiver. Il