Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/124

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la Hollande étoit disposée à prendre les mesures nécessaires pour cela contre l’opinion de Beretti. La haine des Anglois pour Châteauneuf étoit extrême. Ils voulurent lui faire un crime personnel auprès du régent sur une insolence de la gazette de Rotterdam, dont ils prétendirent avoir découvert la trame venue de la vieille cour et du parti contraire au régent. Ils ignoroient, même Stairs, que ce traité avec le czar et la Prusse eût été communiqué par le régent au roi d’Angleterre. Ils commencèrent à compter sur la sincérité de la conduite de Son Altesse Royale avec leur roi ; mais ils ne purent revenir sur Châteauneuf, quoiqu’il eût enfin communiqué ce traité aux États généraux, où on vit qu’il n’y avoit que de simples assurances et liaisons d’amitié, et que l’objet n’en étoit que d’engager les puissances engagées dans la guerre du nord de reconnoître la France pour médiatrice de cette paix.

L’abbé Dubois étoit parti pour Londres le 20 septembre, et, deux jours auparavant, le colonel Stanhope, que le roi d’Angleterre envoyoit à Madrid par Paris, en étoit parti pour s’y rendre. Penterrieder étoit sur le point de partir de Vienne pour l’Angleterre. Ainsi la scène des grandes négociations s’alloit ouvrir de tous côtés.

On commençoit aussi à parler de négociations secrètes prêtes à s’ouvrir à Abo, entre les ministres de Suède, de Russie et de Prusse ; mais le czar étoit parti de Berlin sur la fin de septembre sans avoir pris de nouvel engagement, et ses ministres disoient qu’à l’exception de la Finlande, il ne vouloit rien rendre à la Suède : ainsi les choses étoient encore peu disposées à la paix. Le roi de Prusse ne le paraissoit pas plus par les protestations d’union à ses alliés du nord, qu’il faisoit au roi d’Angleterre, avec lequel il s’étoit réconcilié, et dont il ne se départiroit point, pour forcer la Suède à une paix raisonnable, pourvu qu’il n’eût pas lieu de croire par des démarches qu’on voulût traiter sans lui, et le laisser dans l’embarras. Pour preuve de sa sincérité, il