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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/169

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de la république, que l’empereur craignoit la partialité des Hollandois, et que les Anglois vouloient se réserver à eux seuls la négociation, et n’en donner connoissance aux Hollandois que lorsque toutes choses seroient absolument réglées. Il se trompoit en tous points. Ceux qui étoient au timon de la république étoient dépendants de l’Angleterre et n’osaient s’écarter de ses intérêts. Il étoit donc nécessaire qu’elle agît de concert avec l’Angleterre. Cadogan en étoit bien persuadé, et il attendoit Penterrieder à la Haye, qu’il avoit prié d’y passer.

L’abbé Dubois prévint par son arrivée à Londres celle de Penterrieder. Il y guérit les ministres de la crainte qu’ils avoient conçue que le maréchal d’Huxelles ne fût contraire à la négociation qui s’alloit commencer. Le roi d’Angleterre et ses ministres ne cessoient d’assurer Monteléon d’une amitié et d’une correspondance entière avec le roi d’Espagne, et que la négociation tourneroit à sa satisfaction, et cet ambassadeur s’en flatta plus encore sur la réponse du roi d’Angleterre à l’envoyé de l’empereur. Ce ministre, en prenant congé de lui, insista sur la garantie, et lui demanda pressement et avec hauteur s’il vouloit ou non satisfaire aux traités et donner à l’empereur les secours de troupes et de vaisseaux nécessaires pour conserver les États qu’il possédoit en Italie. À quoi le roi d’Angleterre répondit qu’en l’état où se trouvoient les affaires générales de l’Europe, il avoit besoin de plus de temps pour faire ses réflexions, avant de prendre une résolution.

D’autre part, l’abbé Dubois assuroit Monteléon d’une manière qui lui paraissoit sincère que ses ordres du régent étoient très positifs en faveur de l’Espagne, dont il regardoit les intérêts comme inséparables de ceux de la France, et l’avoit expressément chargé d’y veiller avec une égale attention. Néanmoins Monteléon cherchoit à pénétrer s’il disoit bien vrai, et si sa mission ne regardoit que la négociation qui paraissoit, et peut-être en même temps pacifier les troubles