Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/203

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Sur cette friponnerie, Monteléon se donnoit en Espagne comme pleinement instruit des intentions de la France et de celles de l’Angleterre. Stanhope lui avoit dit en confidence que l’empereur ne s’éloigneroit pas d’un accommodement, à condition de reconnoissance et de renonciations réciproques ; qu’il consentiroit à donner des sûretés pour la succession de Toscane, et qu’il entreroit encore en d’autres tempéraments, mais qu’il vouloit la cession de la Sicile, et des secours pour la conquérir. Monteléon avertissoit l’Espagne que c’étoit sur ces conditions qu’elle devoit régler ses résolutions et ses mesures. Mais cet ambassadeur ne réussissoit pas à pénétrer, comme il le croyoit, le véritable état de la négociation de l’abbé Dubois et de Stanhope.

Elle étoit peu avancée avec Penterrieder à la fin de novembre. L’empereur avoit personnellement une telle répugnance à renoncer à la monarchie d’Espagne pour toujours, que ses ministres, même Espagnols, n’osaient lui en parler. À peine laissoit-il entendre qu’il pourroit renoncer à l’Espagne et aux Indes, en faveur de Philippe V et de sa postérité ; mais il ne vouloit pas aller plus loin, ni ouïr parler de la postérité d’Anne d’Autriche, quelque juste que cela fût, par les traités et les renonciations. Il vouloit bien accorder l’investiture de Parme et de Plaisance à un fils de la reine d’Espagne, mais avec un refus absolu de celle de Toscane. On faisoit valoir comme une grande complaisance qu’elle ne pût tomber à la maison d’Autriche, et qu’elle fût assurée au duc de Lorraine. Toutes sortes de manèges étoient employés pour faire consentir à de si déraisonnables articles. Toutefois les Anglois assurèrent l’abbé Dubois qu’il pouvoit absolument compter sur la fermeté du roi d’Angleterre, s’il se pouvoit promettre celle du régent, et qu’il ne se laisseroit point ébranler par la cabale du roi d’Espagne en France. C’étoit le galimatias que cet abbé écrivit.

Les Anglois étoient en peine du voyage du comte de Provane à Paris, et d’une liaison entre le roi de Sicile qui prenoit