Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les Impériaux. Les deux ministres firent fort valoir à Monteléon les peines infinies qu’ils avoient à obtenir de l’empereur la renonciation qu’il avoit en horreur, dont néanmoins ils espéroient bien venir à bout, mais qu’ils ne se flattoient pas d’un succès égal sur l’article de la Toscane.

Comme les difficultés augmentoient à Vienne sur cette succession, les ennemis du régent imaginèrent de persuader les Espagnols que ce prince les faisoit naître secrètement. Beretti fut averti que le régent ménageoit le refus de l’expectative pour l’infant don Carlos, dans la vue de l’obtenir pour le duc de Chartres, et comme Beretti n’avoit jamais pu tirer de Stanhope, dans tout leur commerce, sur quel prince le roi d’Angleterre jetoit les yeux pour la Toscane, il se confirmoit dans ce soupçon. Il cherchoit donc avec encore plus d’inquiétude à découvrir les véritables projets. Duywenworde lui dit un jour que la cour de Vienne proposeroit bientôt un second plan, qui seroit d’ajouter, en faveur de l’empereur, la Sicile à Naples, et Mantoue, avec le petit État de Guastalla, au Milanois ; donner la Toscane au duc de Guastalla et la Sardaigne à M. de Savoie. Soit que ce fût de bonne foi ou dans le dessein de pénétrer mieux les pensées de Beretti, il déclama contre la mauvaise volonté des Anglois, dit qu’il savoit de bon lieu que le régent appuieroit les raisons du roi d’Espagne, que l’abbé Dubois avoit ordre de parler de manière à réussir et que, quand ce ne seroit pas même le sentiment du régent, il y avoit dans le conseil de régence des hommes assez courageux pour lui résister.

Beretti, flatté de ces dispositions de la France, se tenoit encore plus assuré de celles de la Hollande. Il les regardoit comme son ouvrage, assuroit que [les États] ne se laisseroient point entraîner par l’Angleterre contre l’Espagne, laquelle ils serviroient même s’ils pouvoient. Il vantoit le changement entier du Pensionnaire à cet égard, qui trouvoit très raisonnables les conditions que le roi d’Espagne avoit demandées, qui lors de la maladie de ce prince avoit