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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/234

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d’Angleterre que si l’empereur vouloit renoncer à l’Espagne et promettre pour un fils de la reine d’Espagne l’expectative de Toscane et de Parme, le roi d’Espagne uniroit ses forces à celles de l’empereur pour le mettre en possession de la Sicile.

Ainsi tout conspiroit, selon l’opinion publique, à l’agrandissement de l’empereur. Toutefois ses ministres prétendoient, mais sans faire pitié à personne, que chacun vouloit alors lui faire la loi dans l’empire. Penterrieder le dit ainsi à Londres à l’occasion d’une déclaration que le ministre de Moscovie fit à Bernsdorff. Elle portoit que le czar ne pourroit s’empêcher de protéger le duc de Mecklembourg son parent, si on entreprenoit de l’opprimer sous de vains prétextés. On croyoit alors que la paix entre la Suède et la Moscovie seroit incessamment conclue, et comme il n’étoit question que d’un accommodement particulier, le roi de Prusse avoit lieu de se croire abandonné. Mais le czar démentit les bruits publics. Il écrivit au roi de Prusse, et l’assura positivement qu’il détestoit les traités secrets, et qu’il n’avoit jamais pensé à en conclure.

C’est en cet état que se trouvoient, à la fin de cette année 1717, les affaires générales de l’Europe. Elle finit en France par la mort de la maréchale de Duras à soixante-quinze ou soixante-seize ans, sœur du dernier duc de Ventadour, fort retirée dans une terre près d’Orléans. C’étoit une femme singulière, boiteuse, fort grosse et de beaucoup d’esprit. J’avois oublié d’en faire mention ; car elle mourut dès le mois de septembre. Mais tout à la fin de l’année, on envoya en Bretagne quatre lettres de cachet, pour ordonner à quatre gentilshommes de Bretagne qui y avoient paru les plus opposés aux volontés de la cour, d’y venir rendre compte de leur conduite. Leur nom étoit MM. de Piré, Bonamour, Noyan et Guesclairs.