Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/25

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Alamanni, qui répondoit de la promotion, même avant que le tribunal de la nonciature fût rouvert à Madrid, si le roi d’Espagne persistoit à la demander.

Le pape avoit écrit au roi d’Espagne et au duc de Parme comme des excuses sur la promotion de Borromée, et de nouvelles promesses de celle d’Albéroni, dont il vouloit leur persuader que le délai ne rouloit point sur là défiance de l’exécution des paroles du roi d’Espagne, et fit encore [écrire] par le cardinal Paulucci au P. Daubenton, son plus fidèle agent, pour presser le roi d’Espagne de finir tous les points à la satisfaction du pape avant la promotion. Cette lettre étoit pleine de tout ce qu’on y put mettre de raisons d’une part, et de témoignages d’estime, d’affection et de confiance, de l’autre, pour le jésuite.

Ces lettres étant demeurées sans effet jusqu’à l’arrivée d’Aldovrandi à l’Escurial, le pape redoubla de promesses que, sitôt que les différends seroient terminés à sa satisfaction, il feroit la promotion sans attendre de vacances. Il se plaignoit qu’elle seroit faite depuis deux mois si le roi d’Espagne ne les avoit perdus en plaintes inutiles sur celle de Borromée, et à tenir Aldovrandi à Perpignan ; enfin qu’il étoit nécessaire qu’il pût annoncer au consistoire que la nonciature étoit rouverte, le nonce en possession de toutes ses anciennes prérogatives, que les nouveautés contraires à l’ancienne juridiction ecclésiastique étoient abolies, la flotte à la voile pour le secours de l’Italie et de la chrétienté, et qu’Albéroni avoit été le ministre auprès du roi d’Espagne de toutes ces grandes choses. Le pape, qui sentoit tout le parti qu’il pouvoit tirer de l’excès de l’ambition d’Albéroni, et de l’excès aussi de son pouvoir sur l’esprit du roi et de la reine d’Espagne, manda à Aldovrandi que, s’il ne pouvoit obtenir l’ouverture de sa nonciature avant que la promotion d’Albéroni fût faite et déclarée, il le trouvoit bon, mais à cette condition que le décret que le roi d’Espagne devoit publier, suivant la minute jointe à ses instructions, fût