Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/28

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La vie qu’il menoit, surtout depuis la mort du roi, ne répondoit guère à une pareille proposition. Il s’étoit aussitôt après tout à fait retiré dans une maison qu’il avoit prise dès auparavant, et où il alloit quelquefois, aux Camaldules de Grosbois. Il y avoit peu de domestiques, n’y voyoit presque personne, vivoit très frugalement dans une grande pénitence, au pain et à l’eau une ou deux fois la semaine, et assidu à tous les offices du jour et de la nuit. Presque plus à Paris, où il ne voyoit que Dangeau, le maréchal de Tessé et deux ou trois autres amis ; M. le comte de Toulouse, avec qui, deux ou trois fois l’année, il alloit faire quelques, chasses à Fontainebleau ; le roi et le régent, uniquement par devoir et de fort loin à loin ; d’ailleurs beaucoup de bonnes œuvres, mais toujours fort informé de ce qui se passoit en Transylvanie, en Hongrie et dans les pays voisins ; avec cela, sincèrement retiré, pieux et pénitent, et charmé de sa vie solitaire, sans ennui et sans recherche d’aucun amusement ni d’aucune dissipation, et jouissant toujours de tout ce qu’on a vu en son temps que le feu roi lui avoit donné.




CHAPITRE II.


Le général et l’intendant de nos îles paquetés et renvoyés en France par les habitants de la Martinique. — Mort de la duchesse de La Trémoille ; du fils unique du maréchal de Montesquiou ; de Busenval ; d’Harlay, conseiller d’État. — Caractère et singularités de ce dernier. — Mort de Dongois, greffier en chef du parlement. — Mort et deuil d’un fils du prince de Conti. — Affaire de Courson, intendant de Bordeaux et conseiller d’État, et de la ville, etc., de Périgueux. — Courson, cause de la chute de des Forts, son beau-frère ; et seul coupable, se soutient. — Le maréchal de Tallard entre au conseil de régence. — Question de préséance entre le maréchal