Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/319

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de se taire et de ne pas pousser les choses plus loin, car il ne parla plus. Il pouvoit être content de tout ce qu’il avoit débité, et d’en sortir de cette étrange façon.

Les ducs ne prirent aucune part en cette querelle. Quelques-uns en rirent. Il étoit raisonnable aussi que les maréchaux de France eussent aussi leur tour.

Ce n’est pas à moi à paraphraser cette conduite de M. le duc d’Orléans à l’égard d’un office de la couronne, dont le caractère distinctif est de juger l’honneur de la noblesse, et d’officiers qui ne le peuvent devenir que par leur sang, leurs services et leur mérite, et qui ne peuvent être que des personnages dans l’État. Comme il étoit grand maître en mezzo-termine, et qu’il voulut toujours favoriser des gens sans mesure, dont le rameutement ne tendoit qu’à le culbuter, comme il y parut bientôt, il régla que toutes les lettres désormais seroient en style de mémoire, contenant les ordres à donner, les réponses et les choses à faire, qui seroient signées Villars, et avec lui Biron pour l’infanterie, Lévi pour la cavalerie, et Coigny pour les dragons.

Beaufremont, victorieux des maréchaux de France, le voulut être bientôt après des princes du sang. On vit, moins de deux mois après, les preuves de ses menées en Bourgogne contre le service du roi, et le rang, le crédit et l’autorité de M. le Duc, gouverneur de cette province, qui en étoit allé tenir les états. Il en rapporta quantité de lettres que Beaufremont y avoit écrites dans cet esprit, sans aucun détour, partie surprises, partie livrées par ceux qui les avoient reçues. M. le Duc ne les cacha pas à son retour, ni les plaintes qu’il en porta à M. le duc d’Orléans, mais dont il ne fut autre chose. Les maréchaux de France rirent tout bas à leur tour de se trouver en, si bonne compagnie.

Il a été parlé ici plus d’une fois de Monasterol, envoyé de l’électeur de Bavière, qui a été bien des années avec toute sa confiance à Paris, qu’il quittoit fort rarement pour faire quelques courts voyages vers son maître. On a parlé aussi