Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/324

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comme des écoliers, et lui avec eux en pleine autorité comme un autre Esculape. C’est ce que personne n’ignoroit ; mais ce que je ne sus que depuis et ce que l’expérience m’apprit aussi dans la suite, c’est que l’avarice le rongeoit en nageant dans les biens ; que l’honneur, la probité, peut-être la religion lui étoient inconnus et que son audace étoit à l’épreuve de tout. Il sentoit que son maître le connoissoit, et il vouloit s’appuyer auprès de lui de qui ne le connoissoit pas pour emporter ce qu’il désiroit et ce qu’il n’osoit espérer de soi-même. J’en parlai deux jours après à M. le duc d’Orléans, qui l’accorda après quelque résistance. Oncques depuis n’ai-je ouï parler de Chirac ; mais, ce qu’il fit de pis, c’est qu’il ne mit rien au jardin des simples, n’y entretint quoi que ce soit, en tira pour lui la quintessence, le dévasta, et en mourant le laissa en friche, en sorte qu’il fallut le refaire et le rétablir comme me en entier. J’aurai lieu ailleurs de parler encore de lui.




CHAPITRE XIII.


Mort de la duchesse de Vendôme. — Adresses et ruses pour l’obscure garde de son corps, sur même exemple de Mlle de Condé ; ce qui n’a pas été tenté depuis. — Le grand prieur sert à la cène le jeudi saint pour la dernière fois, et s’absente, le lendemain, de l’adoration de la croix. — Cardinal de Polignac prétend présenter au roi l’évangile à baiser, de préférence au premier aumônier ; est condamné. — Le roi visite Mme la Princesse et Mmes ses deux filles sur la mort de Mme de Vendôme. — Douglas obscur, misérable, fugitif. — Mme la duchesse de Berry parle fort mal à propos au maréchal de Villars ; se hasarde de faire sortir Mme de Clermont de l’Opéra, etc. ; se raccommode bientôt après avec elle et avec Mme de Beauvau. — Abbé de Saint-Pierre publie un livre qui fait grand bruit, et qui le fait exclure de l’Académie française dont il