Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/328

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jugé apparemment qu’il n’étoit pas à propos de la tenter davantage.

Continuons le récit des entreprises. Le jeudi saint de cette année le grand prieur servit hardiment à la cène comme les princes du sang. Cette récidive de l’inouïe nouveauté de l’année passée, contre la parole expresse du régent, fut l’effet de la même politique qui l’avoit permise la première fois. Elle piquoit, elle excitoit ce qu’il y avoit de plus grand les uns contre les autres, qui étoit son manège favori. Cette année fut pourtant la dernière que cette entreprise eut lieu, quelque respect, comme on l’a expliqué ailleurs, que le régent eût pour le grand prieur, qui ne se présenta pas même le lendemain matin chez le roi, à l’office pour l’adoration de la croix. À la grand’messe de ce même jeudi saint, le cardinal de Polignac, qui eût mieux fait d’être en son archevêché d’Auch, où il n’a mis le pied de sa vie, prétendit présenter le livre des évangiles à baiser au roi, de préférence à l’évêque de Metz, premier aumônier, parce que le grand aumônier cardinal n’y étoit pas. Cette dispute toute nouvelle empêcha le roi de baiser l’évangile. Deux jours après le régent décida en faveur du premier aumônier, à qui les cardinaux ne l’ont plus disputé depuis. Il est vrai aussi que depuis que je suis chevalier de l’ordre, je me suis trouvé à une fête de l’ordre où il n’y eut ni grand ni premier aumônier, où les cardinaux de Polignac et de Bissy étoient en leurs places de commandeurs, et où le cardinal de Polignac présenta au roi l’évangile à baiser, de préférence aux deux aumôniers de quartier présents en leurs places, qui ne le disputèrent pas. Ce même jeudi saint, après ténèbres, le roi alla voir Mme la Princesse et Mmes ses deux filles, de Conti et du Maine, sur la mort de Mme de Vendôme.

On a vu, t. XIII, p. 291, l’affreuse aventure du Prétendant, échappé à Nonancourt par le courage et la sagacité de la maîtresse de la poste, à Douglas et aux autres assassins,