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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/390

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être étonné de ne pas réussir. Il se vanta même d’avoir convaincu Nancré, qui néanmoins partit.

La cour de Vienne prétendoit que le plan sur lequel on négocioit à Londres étoit absolument différent de celui que l’abbé Dubois avoit proposé, et [dont il] étoit convenu à Hanovre. Elle se plaignoit aussi d’entendre dire de tous côtés que, si l’empereur ne consentoit pas aux demandes de la France, cette couronne se joindroit à l’Espagne pour lui faire la guerre. Cette espèce de menace blessoit sa hauteur. Elle menaçoit de son côté de se rendre plus difficile, si elle parvenoit à faire la paix avec la Porte avant la conclusion du traité qui se négocioit à Londres. Les ministres de Georges sembloient appuyer les menaces des Impériaux. Non seulement Saint-Saphorin les trouvoit bien fondées, et tâchoit d’alarmer le régent mais Stairs, secondé d’un Suisse, grand fripon, nommé Schaub, qui avoit servi de secrétaire à Stanhope et qu’on renvoyoit de Londres à Vienne, parloit haut dans les conférences qu’ils eurent tous deux avec le régent. Quelque avantageuse que fût à l’empereur la médiation d’un roi d’Angleterre, électeur de Hanovre, si partial en sa faveur par tant de raisons générales et personnelles, l’empereur n’en paraissoit que plus difficile ; et retardoit l’utilité qu’il devoit se promettre de la conclusion du traité, par ses demandes. Il prétendoit qu’avant toutes choses le roi d’Espagne retirât ses troupes de la Sardaigne, et qu’il la remît en dépôt entre les mains d’un prince neutre, pour la garder en dépôt jusqu’à ce que toutes les conditions de la paix fussent réglées. Le roi d’Angleterre étoit le prince que l’empereur indiquoit, parce qu’il n’en pouvoit choisir un dont il fût plus sûr, et d’ailleurs cet honneur, disoit-il, étoit dû à ce prince par la manière dont il se portoit pour le succès de la négociation. Outre ce dépôt, l’empereur demandoit que, le grand-duc venant à mourir, ses États fussent démembrés, ne pouvant consentir qu’un prince de la maison de France possédât toute la Toscane telle qu’elle étoit