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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/391

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possédée par la maison de Médicis. Il vouloit donc faire revivre l’ancienne république de Pise. Il vouloit de plus que Livourne fût érigée en ville libre sous la protection de l’empire. Il comptoit par ces propositions engager encore plus en sa faveur les puissances intéressées au commerce du Levant ; et véritablement les plus confidents ministres du roi d’Angleterre les appuyoient, jusqu’au point de représenter au régent qu’il s’exposeroit à faire échouer la négociation s’il s’opiniâtroit à la totalité de l’expectative des États du grand-duc pour un des fils de la reine d’Espagne, et disoient que souvent on n’obtenoit rien pour trop demander. Saint-Saphorin y joignoit les menaces, en faisant revenir au régent par l’Angleterre que les conférences pour là paix entre l’empereur et le Grand Seigneur s’alloient ouvrir ; que les conditions de part et d’autre en seroient bientôt réglées, les deux parties désirant également la fin de la guerre ; que, si ce n’étoit pas une paix définitive, ce seroit une trêve de quatre ou cinq ans, chacun demeurant dans la possession où il se trouvoit ; que la cour de Vienne, débarrassée de la guerre de Hongrie, deviendroit encore plus difficile avec l’Espagne.

Le roi d’Espagne avoit demandé deux conditions préliminaires : l’une que l’empereur promît de ne plus envoyer de troupes en Italie, l’autre de n’y plus exiger de contributions des princes. Les Impériaux répondoient à la première qu’il étoit étonnant que ce prince prétendît imposer à l’empereur la nécessité de ne point envoyer de troupes en Italie, quand elles y étoient le plus nécessaires pour la conservation de ses États, que l’Espagne avoit attaqués au préjudice de la neutralité ; qu’elle continuoit d’armer, et que, si elle vouloit empêcher l’empereur d’envoyer des troupes en Italie, il falloit qu’elle discontinuât auparavant ses armements par mer et par terre, qu’elle promît elle-même de demeurer en repos, et que, pour sûreté de sa parole, elle remît la Sardaigne en dépôt au roi d’Angleterre. Quant aux contributions,