Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/448

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fougues, menaces d’Albéroni. — Ses déclamations. — Son emportement contre le traité de la paix d’Utrecht. — Fureur d’Albéroni sur les propositions de Nancré, surtout contre la cession de la Sicile à l’empereur. — Il proteste que le roi d’Espagne n’acceptera jamais le traité, quoi qu’il en puisse arriver. — Ses vanteries ; ses imprécations. — Ne laisse pas de traiter Nancré avec beaucoup de distinction et d’apparente confiance. — Fureur, menaces et manèges d’Albéroni sur le refus de ses bulles de Séville. — Albéroni dépité sur l’achat des vaisseaux en Hollande, ou Beretti se trompe de plus en plus, déclare qu’il n’en a plus que faire ; menace. — Manège sur l’escadre anglaise. — Sage conduite de Monteléon. — Négociation secrète du roi de Sicile à Vienne. — Propos de l’abbé Dubois à Monteléon. — Doubles manèges des Anglois sur la paix, avec l’Espagne et avec l’empereur. — Sentiment de Monteléon. — Dangereux manèges du roi de Sicile. — Le roi d’Angleterre s’oppose ouvertement à son désir d’obtenir une archiduchesse pour le prince de Piémont.


Pendant qu’Albéroni se disposoit à faire la guerre aux puissances temporelles de l’Europe, il ne ménageoit pas beaucoup la spirituelle du pape, et déclaroit hautement que Leurs Majestés Catholiques avoient autant de ressentiment qu’ils avoient de mépris de la conduite misérable que la cour de Rome avoit à leur égard dans la vue de ménager les Allemands. Albéroni, sous prétexte d’excuser le pape, disoit que le peu d’attention de Sa Sainteté pour Leurs Majestés Catholiques, et la complaisance qu’elle avoit pour leurs ennemis, procédoient des impertinences du cardinal Albane ; qu’il apprenoit même, par les lettres de Vienne, que c’étoit par les conseils de ce cardinal que le comte de Gallas avoit en dernier lieu bravé Sa Sainteté. Il ajouta que le roi d’Espagne avoit dessein d’envoyer enfin à Rome quelque esprit turbulent, quelque homme de caractère à parler fortement, soit qu’il fallût dire au cardinal Albane quatre mots à l’oreille, soit, qu’il convînt de découvrir au pape le manège que son neveu, conduit par un intérêt vil et sordide, pratiquoit avec les Allemands, manège indigne qui déconcertoit absolument les serviteurs de Sa Sainteté par les fausses démarches