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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/74

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Jacques II, qu’il trahissoit pour le prince d’Orange, ne fut pas plutôt de retour en Angleterre, qu’il soutint qu’il étoit de l’intérêt de la nation de presser la restitution de ces deux duchés, pour obtenir plus promptement par là le rétablissement du commerce avec la Suède.

Quoique la cessation des hostilités entre cette couronne et celle d’Angleterre fût également désirée des Anglois et des Hollandois, Georges continuoit à se rendre difficile à renvoyer Gyllembourg en Suède, et à consentir à la délivrance du baron de Goertz de sa prison en Hollande, dont les vaisseaux, arrêtés en Suède, animoient les villes de commerce qui en souffroient considérablement, contre les délais de Georges et la lâche complaisance des chefs de la république pour lui.

Widword n’espéroit plus d’empêcher l’élargissement de ce ministre suédois que par les offices du régent, dont le poids en Hollande et en Angleterre faisoit faire de grandes réflexions aux ministres d’Espagne sur les mesures que le roi d’Angleterre et le régent prenoient ensemble et sur leur intérêt de s’unir pour les événements à venir. Les Anglois même en étoient peinés. Ils disoient librement que l’Angleterre n’avoit jamais été si malheureuse que dans les temps où elle s’étoit trouvée unie avec la France. Les ministres d’Angleterre pensoient tout autrement. Ils paraissoient travailler de bonne foi à rendre l’alliance plus étroite, en y faisant entrer l’empereur. Ils pressoient le régent d’y concourir pour ses propres intérêts, et l’assuroient que la cour de Vienne étoit disposée à suivre le plan que Stanhope y avoit donné pour assurer la tranquillité de l’Europe. Ils souhaitoient que le roi d’Espagne y voulût entrer. S’ils le refusoient, ils assuroient le régent que l’empereur et le roi d’Angleterre prendroient avec Son Altesse Royale les mesures nécessaires pour lui garantir ses droits sur la couronne en cas d’ouverture de la succession. Ils offroient même d’insérer dans le traité la clause de laisser le roi d’Espagne jouir