Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/8

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de leurs maîtres étoit de bien examiner laquelle de l’alliance avec l’empereur ou avec la France seroit plus avantageuse ; qu’avant de s’engager avec la dernière, il falloit voir clairement si elle vouloit et pouvoit faire sincèrement quelque chose de solide pour eux, sinon la laisser et conclure un traité avec l’empereur, à condition qu’il promettroit de n’user d’aucune voie de fait pour les forcer directement ni indirectement à restituer les conquêtes qu’ils avoient faites, si, comme ils ne l’espéroient pas, ils ne pouvoient l’engager à les leur garantir. En attendant, ne rien faire qui pût le rebuter, entretenir même de la confiance avec lui, dans la crainte des mesures que le roi de Suède y pourroit prendre. Rien ne paraissoit mieux cimenté que leur union, et ils se promirent de s’avertir mutuellement de tout ce qu’ils apprendroient.

Un ministre de l’empereur fit entendre, en ce temps-là, à celui de Russie que, si la confiance s’établissoit entre leurs maîtres, l’empereur étoit disposé à étendre les traités ; mais qu’il ne croyoit pas en devoir faire part au roi de Prusse que le traité ne fût bien digéré, et même les préliminaires convenus. Quelque temps après, Schaffirof remit à Kniphausen le projet d’un traité à faire entre leurs maîtres. L’objet principal étoit d’empêcher que le roi de Danemark, qui possédoit alors la Poméranie antérieure, ne la remît entre les mains du roi de Suède par une paix particulière, ou à quelque autre puissance suspecte aux princes ligués. Ce projet avoit sept articles.

1. Renouveler les traités signés à l’occasion de la guerre du nord, particulièrement les conventions nouvellement faites entre leurs maîtres dans la conférence d’Havelsberg ;

2. Donner l’attention nécessaire pour empêcher que le roi de Suède ou quelque prince d’intelligence avec lui reprît Stralsund et Wismar ;

3. Promettre d’observer le traité fait avec le roi de Danemark, tant que ce prince l’observeroit lui-même, et qu’il