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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/7

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sous le nom et l’autorité de l’empereur. Le czar répondit à la confiance du roi de Prusse, et l’assura qu’il pensoit sérieusement à un traité avec la France ; qu’il lui communiqueroit tout ce qu’il y feroit, et lui promit de ne rien conclure sans sa participation.

Georges connoissoit très bien le caractère de son gendre, capable d’entrer en beaucoup de choses contre lui. Mais, se reposant sur sa perpétuelle instabilité, il tournoit toute son inquiétude sur le voyage du czar à Paris, persuadé que c’étoit dans le dessein d’y prendre des liaisons étroites, dont le séjour des troupes moscovites dans le Mecklembourg augmentoit l’alarme. Il n’avoit plus de prétexte de conserver ses troupes. Le roi de Suède désavouoit ses ministres. Nul vaisseau ni préparatif dans le port de Gottembourg. Ainsi, Georges se trouva forcé de déclarer au parlement qu’il réformoit dix mille hommes. La France ne donnoit plus d’alarmes à l’Angleterre, surtout depuis la triple alliance, et la Hollande persévéroit dans son ancienne habitude de lui être soumise. Elle ne voulut admettre le roi de Prusse dans la triple alliance, dont il l’avoit fait sonder, qu’autant que le roi d’Angleterre le désireroit ; et ce prince, voulant découvrir si le czar y étoit reçu, le Pensionnaire répondit au ministre de Prusse que l’alliance n’étoit qu’entre puissances voisines, pour maintenir l’amitié et la sûreté commune, et ne regardoit en aucune manière le czar ; qu’elle deviendroit trop universelle si elle s’étendoit à des princes éloignés, et que, par même raison, il seroit étrange que le Danemark y voulût entrer. La clarté de cette réponse enraya le ministre de Prusse sur l’admission du czar, de peur de nuire à son maître.

Leurs ministres à Paris sembloient marcher fort de concert. Kniphausen, qui avoit la confiance du roi de Prusse, étoit venu de Hollande à Paris relever Vireck. Schaffirof, vice-chancelier du czar, avoit aussi la sienne et l’accompagnoit dans ses voyages. Ils convinrent que l’intérêt commun