Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’en avoir, et encore plus de se distiller en remercîments et en éloges. Ils achevèrent de gagner et de déterminer le pape, qui le fit cardinal, sans participation de la France ni de pas un de ses parents ou amis de ce pays-ci.




CHAPITRE XVI.


M. le duc d’Orléans, fort irrité de la promotion de l’archevêque de Reims, me mande, me l’apprend et dispute cette affaire avec Le Blanc et moi, où La Vrillière, gendre du frère de l’archevêque, survient. — Velleron dépêché à l’archevêque avec défense de porter aucune marque de cardinal et de sortir de son diocèse. — Ridicule aventure et dépit de Languet, évêque de Soissons. — Son état, son ambition, ses écrits, sa conduite. — Conduite de l’archevêque de Reims. — Il obéit aux ordres que Velleron lui porte. — Quel étoit Velleron. — Ma conduite avec le régent sur l’archevêque de Reims. — Rare et insigne friponnerie des abbés Dubois et de La Fare-Lopis à l’égard l’un de l’autre. — L’archevêque de Reims clandestinement à Paris. — Mystère très singulier de ce retour. — Faiblesse et ambition de l’archevêque de Reims. — Son premier succès et ma duperie. — Manége de Dubois à l’égard de l’archevêque de Reims, dont je suis encore parfaitement la dupe. — Comment Mailly, archevêque de Reims, obtint enfin de recevoir des mains du roi sa calotte rouge, où je le conduisis.


M. le duc d’Orléans m’envoya chercher un peu après midi ; il n’y avoit pas une heure qu’il avoit reçu la nouvelle de la promotion ; l’abbé Dubois qui la lui avoit portée n’étoit déjà plus avec lui. C’étoit le dimanche 10 décembre ; je le trouvai seul avec Le Blanc ; La Vrillière y vint une demi-heure après. M. le duc d’Orléans étoit fort en colère ; il m’apprit la promotion, et tout de suite qu’il dépêchoit à Reims, où étoit l’archevêque, le chevalier de Velleron, enseigne des gardes du corps, avec un ordre du roi de l’empêcher de sortir de