Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/377

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tout à la fin de juillet. Alors ils crurent que le jeu avoit assez duré pour y mettre une fin. Ils s’en étoient trouvés quittes à si bon marché, et comptoient tellement sur l’abbé Dubois, qu’ils pensoient déjà à se remonter en grande partie, et, pour y travailler utilement, il falloit être en mesure de se voir et de se concerter et commencer par pouvoir être à Paris comme ils voudroient, où ils ne pouvoient pas ne pas loger ensemble.

L’apparente brouillerie avoit été portée jusqu’à ce point, que les deux fils du duc du Maine, revenus d’Eu à Clagny peu de jours après lui, furent longtemps sans aller voir Mme du Maine, et ne la virent depuis que très rarement et sans coucher à Sceaux. Enfin, le parti pris de mettre fin à cette comédie, voici comme ils la terminèrent par une autre. Mme la Princesse prit un rendez-vous avec le duc du Maine, le dernier juillet, à Vaugirard, dans la maison de Landois, trésorier de l’artillerie ; elle y arriva un peu après lui avec la duchesse du Maine qu’elle laissa dans son carrosse. Elle dit à M. du Maine qu’elle avoit amené une dame qui avoit grande envie de le voir. La chose n’étoit pas difficile à entendre, le concert étoit pris. Ils mandèrent la duchesse du Maine. L’apparent raccommodement se passa entre eux trois. Ils furent longtemps ensemble. Un reste de comédie les tint encore séparés, mais se voyant et se rapprochant par degrés jusqu’à ce qu’à la fin le duc du Maine retourna demeurer à Sceaux avec elle.

Pendant ces six mois, on acheva peu à peu de vider la Bastille des prisonniers de cette affaire, dont quelques-uns furent légèrement et courtement exilés. Laval fut plus maltraité, ou pour mieux dire le moins bien traité. Il avoit été l’âme au dehors de toute la conspiration et dans tout le secret du duc et de la duchesse du Maine qui en dit assez dans ses interrogatoires, c’est-à-dire dans le peu de ceux qui furent lus au conseil de régence, et sur lesquels l’avis ne fut demandé à personne et où personne aussi n’opina, pour prouver complètement