Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/399

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l’héritière de Sedan, le fit maréchal de France pour y atteindre, et le soutint pour en conserver les biens contre l’oncle paternel et ses enfants, quoique le maréchal n’eût point eu d’enfants de leur nièce et cousine. Je ne parle point de tout ce qu’il fit contre Henri IV et contre Louis XIII depuis qu’il se figura être prince, ni de ce que firent ses enfants. Je me borne ici à dire un mot de leurs mariages, pour se fortifier au dehors pour leurs félonies dont la vie de ce maréchal, depuis cette époque, et celle de ses fils n’a été qu’un tissu, et les mariages de leur postérité, quoique leur faiblesse et la puissance de Louis XIV depuis la paix des Pyrénées ne leur ait laissé que la volonté d’imiter leurs pères sans leur en laisser les moyens. Ce n’est pas leur rien prêter : on le prouve par la désertion du prince d’Auvergne en pleine guerre, en plein camp, sans mécontentement aucun, et par la seule et folle espérance de devenir stathouder de Hollande en se signalant comme il fit contre le roi en propos et en service. On le prouve par la félonie du cardinal de Bouillon. On le prouve par le refus de se reconnoître sujets du roi, comme le cardinal eut le front de le lui écrire, et comme son frère aîné aima mieux risquer tout que de s’avouer tel, comme cela est expliqué ici (t. VI, p. 395) et l’adresse fort étrange par laquelle d’Aguesseau, lors procureur général, le sauva sans s’avouer sujet. Mais revenons à leurs mariages.

H. de La Tour, vicomte de Turenne, qui se fit huguenot, à quoi il gagna tant, et qui servit si bien Henri IV jusqu’à ce que ce prince lui fit épouser l’héritière de La Marck, dame de Bouillon, Sedan, etc., et qui lui fut depuis si perfide, si ingrat et si félon, lui et sa postérité [à Henri IV] et à celle de ce monarque qui l’avoit fait maréchal de France pour ce mariage, si connu auparavant sous le nom de vicomte de Turenne, et depuis sous celui de maréchal de Bouillon, n’avoit point eu de mères que de la noblesse française. Veuf sans enfants de cette héritière qui avoit un frère de son père