Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/93

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régent, la situation actuelle des cardinaux, et qu’ils cherchoient à se fabriquer un titre de leur ridicule difficulté.

Le cardinal de Noailles étoit éreinté par l’appel qu’il venoit de publier, et le grand aumônier lui disputoit de faire porter sa croix devant lui dans la chapelle ; il ne pouvoit donc songer à y aller. Polignac étoit encore moins en état d’y paroître et de disputer, comme on le verra incontinent ; Rohan et Bissy en étoient à faire leur cour aux évêques pour les attirer à faire tous les pas de fureur qui leur convenoient dans la circonstance toute fraîche de la déclaration de l’appel du cardinal de Noailles et de plusieurs évêques et corps, etc., en même temps. Bissy, dans la foule qu’il travailloit à exciter, et qui n’espéroit de succès à Rome que par celui qu’il opéreroit ici par les évêques de France, se trouva, heureusement pour leur prétention, le seul des cardinaux qui pût se trouver à ce sacre.

Il le leur sacrifia d’autant plus volontiers, que cette complaisance de ne s’y point trouver n’altéroit point la possession des cardinaux, et ne donnoit aucun titre aux évêques, qui, contents de ne point voir de carreaux dans la chapelle, parce que le roi, pour voir mieux, y devoit être dans sa tribune, qui contient aisément toute sa suite, ne purent trouver mauvais qu’il y eût là des carreaux, qui ne se pouvoient voir d’en bas, et par conséquent que le cardinal y eût le sien auprès du roi, comme le grand chambellan, le premier gentilhomme de la chambre, le gouverneur du roi et son capitaine des gardes, tous ducs, etc. ; pour le cardinal de Gesvres, c’étoit avec de l’esprit, du savoir et une rage d’être cardinal, qui avoit occupé toute sa vie un hypocondriaque de sa santé, qui, dès qu’il fut parvenu à la pourpre, se renferma presque aussitôt et ne se trouva plus à rien. Mais je préviens sa promotion, qui n’arriva que dans l’année suivante. Ainsi, le P. Massillon fut sacré dans la chapelle par M. de Fréjus, précepteur du roi, assisté des évêques de Nantes, premier aumônier de M. le duc d’Orléans, et de