Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/268

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le vain titre de conseillers d’État. La plupart vinrent le matin, les autres l’après-dînée, et les jours suivants tout ce qu’il y eut à Madrid de grands, de seigneurs et de ministres étrangers. Le gouverneur du conseil de Castille, qui ne visite jamais personne ni n’envoie, si ce n’est pour affaire, envoya me complimenter, quoique je n’eusse point envoyé chez lui, par la raison que je dirai lorsque je parlerai de cette première charge d’Espagne. Castellar, secrétaire d’État pour la guerre, vint aussi chez moi ce même jour. Le duc de Liria se disposoit à venir une lieue au-devant de moi avec Valouse et Sartine, et de son côté Maulevrier avec Robin.

Grimaldo me témoigna la joie de Leurs Majestés Catholiques de mon arrivée, et après m’avoir fait les plus gracieux compliments pour lui-même, me donna le choix de leur part de les aller saluer ce même matin ou dans l’après-dînée. Je crus l’empressement mieux séant, et j’y allai avec lui sur-le-champ dans le carrosse de Maulevrier qui y vint aussi. De cette sorte fut levée toute difficulté sur la première visite, à l’égard de tous ceux à qui elle étoit due de ma part, et de ceux qui la pouvoient prétendre, dont j’eus le sang bien rafraîchi.

Nous arrivâmes au palais comme le roi étoit sur le point de revenir de la messe, et nous l’attendîmes dans le petit salon qui est entre le salon des Grands et celui des Miroirs, dans lequel personne n’entre que mandé. Peu de moments après, le roi vint par le salon des Grands. Grimaldo l’avertit comme il entroit dans le petit salon : il vint à moi aussitôt, précédé et suivi d’assez de courtisans, mais qui ne ressembloient pas à la foule des nôtres. Je lui fis ma profonde révérence ; il me témoigna sa joie de mon arrivée, demanda des nouvelles du roi, de M. le duc d’Orléans, de mon voyage, et des nouvelles de mon fils aîné qu’il avoit su être demeuré malade à Burgos, puis entra seul dans le cabinet des Miroirs. À l’instant je fus environné de toute la cour, avec des compliments et des témoignages de joie des mariages et de