Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dès qu’il sut ce qu’il désiroit. Il fit, après mon retour, plusieurs voyages en France où il vouloit se stabilier [1].

Il étoit pauvre et seulement exempt des gardes du corps en Espagne, dont il tiroit peu, et ne le vouloit pas perdre, et n’avoit jamais servi en France et fort peu en Espagne. À la fin, lassé de passer si souvent et si peu utilement les Pyrénées, il prit congé de l’Espagne pour toujours, et il épousa la sœur du duc de Mortemart, veuve de Cani, fils unique de Chamillart, et dont elle étoit ennuyée de porter le nom, quoiqu’elle en eût des enfants, qu’elle et lui traitèrent toujours avec tendresse. Ayant ce tabouret, elle devint dame du palais de la reine. Chalois pourchassa longtemps l’ordre du Saint-Esprit sans avoir pu l’attraper. À l’ivresse de la cour, dans tous les deux, succéda le dégoût ; elle donna sa place à sa fille qu’ils avoient mariée à son cousin germain, neveu de Chalois, et [ils] se sont presque tout à fait retirés de la cour et du grand monde.

Chimay, Hennin Liétard, de Flandre. Lui et son troisième frère se distinguèrent fort à la guerre et devinrent de bonne heure lieutenants généraux au service de Philippe V. L’électeur de Bavière, étant gouverneur général des Pays-Bas sous Charles II, l’avoit pris en amitié tout jeune, et tout jeune lui procura de ce roi l’ordre de la Toison d’or, dont il reçut le collier des mains de l’électeur. Après l’avènement de Philippe V à la couronne d’Espagne, et tandis que la princesse des Ursins la gouvernoit, il passa avec son troisième frère en Espagne, où ils continuèrent à servir, tandis que le second frère, archevêque de Malines, suivit la révolution des Pays-Bas soumis par l’empereur, malgré lequel ensuite, comme on l’a vu en son lieu, il se fit tout dévotement cardinal. Le prince de Chimay fit si bien sa cour à la princesse des Ursins qu’elle [le] fit faire grand d’Espagne. Il devint mon gendre : j’en parlerai ailleurs.

  1. S’établir.