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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/6

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deux derniers mariages du duc d’Albret, qu’une fille fort contrefaite, qui a depuis épousé le fils aîné de M. de Beauvau, qui, lui et sa femme, ont fait une si prodigieuse fortune par la faveur du dernier duc Léopold de Lorraine, et qui s’est fait grand d’Espagne, prince de l’empire, chevalier de la Toison d’Or, gouverneur de la Toscane, avec d’immenses biens.

M. le duc d’Orléans donna à la nouvelle duchesse d’Albret une pension de dix mille livres, la survivance du gouvernement de Franche-Comté au duc de Tallard, et celle de sous-gouverneur du roi au fils aîné de Saumery, qui valoit beaucoup mieux que le père, car il étoit sage, instruit, honnête homme, et dans les bornes de ce qu’il étoit ; mais pour ce genre de survivance, et d’un père plein de santé, qui n’avoit pas besoin de secours, mais qui en vouloit perpétuer les appointements dans sa famille, c’est une invention qui n’avoit point d’exemple pour de pareils emplois, et que le père qui l’obtint étoit bien loin de mériter par le peu qu’il valoit, dont il avoit fait force preuves et des plus étranges, comme on l’a vu ici en son lieu, et moins encore de la grâce de M. le duc d’Orléans que de qui que ce pût être. Le maréchal de Tallard ni les siens n’en avoient pas mieux mérité.

Le vieux marquis de Mailloc, riche, mais fort extraordinaire, épousa peu après une fille de la maréchale d’Harcourt, à qui elle n’avoit pas grand’chose à donner. Il n’y en eut point d’enfants.

Le duc de Noailles, toujours à l’affût de tout, trouva que Versailles et Saint-Germain, dont il avoit le gouvernement et la capitainerie, étoient faits l’un pour l’autre. Il tourna donc Bloin, dont il acheta pour son second fils la survivance d’intendant des ville, châteaux et parcs de Versailles et de Marly. Il prévoyoit que dans quelques années ce morceau seroit bon à s’en être nanti, et il ne se trompa pas.

M. le comte de Charolois fut admis au conseil de régence, dont il ne fit pas grand usage ; il vit d’abord ce que c’étoit.