Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/74

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d’Orléans. On y a vu en même temps par quel bonheur de conjonctures et d’intrigues sa seconde fille épousa l’empereur Joseph. On y a vu encore que, arrivée peu après à Vienne dans l’espérance d’y recevoir les plus grands honneurs, elle y fut tellement trompée qu’elle ne put jamais se montrer à la cour, ni voir sa fille, ni les personnes impériales que par un escalier secret, en particulier, et cela encore rarement et courtement, tant qu’enfin, dépitée de ne réussir en pas une de ses prétentions, et de n’être même visitée de personne, elle prit assez promptement le parti de se retirer à Modène auprès de son autre fille, qui, au bout de quelques années, mourut entre ses bras en septembre 1710. La duchesse de Hanovre, qui ne savoit où se retirer, demeura à Modène, sous prétexte d’y élever ses deux petites-filles ; elle avoit aussi deux petits-fils. Mais, lasse au bout de dix ans des caprices de son gendre, elle résolut de tenter encore une fois fortune à Vienne, et, si elle n’y réussissoit pas, de venir en France, où elle n’ignoroit pas que tout avoit changé de face, les prétentions les plus absurdes bien reçues, tout désordre et toute confusion protégée, tout ordre, toute règle, tout droit proscrit ; elle espéra donc tout du crédit de M. le Duc, par sa sœur, Mme la Princesse, et s’achemina lentement en Allemagne, où elle n’avoit point de demeure que triste et solitaire, où elle ne put se résoudre d’habiter. En approchant de Vienne, elle apprit qu’elle n’y pouvoit aller. On s’y souvenoit avec dégoût des prétentions qu’elle y avoit montrées, et quoiqu’elles n’eussent eu aucun succès, la cour de Vienne aima mieux ne l’y point voir que de les voir renouveler ; on la fit donc demeurer à Aschau à quelques journées de Vienne, où l’impératrice sa fille l’alla voir, et l’y fit recevoir par ses officiers. Elle n’y demeura que quelques jours avec elle, et s’en retourna à Vienne. L’empereur offrit à la duchesse de Hanovre la demeure du château et de la ville de Lintz, ou dans tel autre appartenant à la maison d’Autriche qu’elle aimeroit le mieux ; mais les