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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/95

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à la Bastille, ou dans quelque autre prison, comme on le vouloit, parce que je ne croyois pas qu’il fût de votre intérêt de l’y laisser mettre après vous en être servi comme vous avez fait ; mais je ne vous ai jamais demandé qu’il sortît du royaume, et, je vous prie, monsieur, de vouloir bien dire en la présence du roi, et devant tous ces messieurs, si je vous l’ai jamais demandé. — Il est vrai, répondit M. le régent, que vous ne me l’avez pas demandé ; je l’ai fait sortir, parce que j’ai cru que sa présence en France nuiroit au crédit publie et aux opérations qu’on vouloit faire. — Je suis, reprit M. le Duc, si éloigné, monsieur, de vous l’avoir demandé, que, si vous m’aviez fait l’honneur de m’en demander mon avis, je vous aurois conseillé de vous bien garder de le laisser sortir du royaume. »

La Houssaye continua ensuite son rapport. Il lut la requête de la compagnie à ce que la banque lui fût unie, et que tous les profits d’icelle lui fussent donnés. On lut aussi les deux articles de l’arrêt du conseil qui intervint le lendemain de la requête qui faisoient à la question, et La Houssaye conclut que la compagnie seroit débitrice envers le roi des billets de banque.

Armenonville proposa là-dessus une opinion que la compagnie fût entendue. Le maréchal d’Estrées appuya cet avis ; le régent y fit des objections très fortes, et tout le conseil, excepté ces deux, furent de l’avis de M. de La Houssaye.

Ensuite il proposa que, comme il y avoit plusieurs particuliers qui avoient mis tout leur bien dans les actions sur la foi publique, il n’étoit pas juste que par la dette immense de la compagnie envers le roi ils se trouvassent ruinés, et que réciproquement ceux qui étoient sortis de la compagnie dans le bon temps, qui avoient converti leurs actions en billets ou qui les avoient achetées à vil prix sur la place, ou employées en rentes perpétuelles ou viagères, ou en comptes en banque, profitassent du malheur des actionnaires de bonne foi ; qu’ainsi il falloit nommer des commissaires pour liquider