Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/96

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tous ces papiers et parchemins, et annuler ceux qui ne procéderoient point de biens réels.

M. le Duc dit à cela : « Il y a quatre-vingt mille familles au moins dont tout le bien consiste en ces effets : de quoi vivront-elles pendant cette liquidation ? » La Houssaye répondit qu’on nommeroit tant de commissaires, que cela seroit bientôt fait.

M. le Duc dit ensuite que, s’il y avoit des gens à liquider, ce n’étoient pas ceux qui étoient anciens porteurs des effets publics ; que le discrédit les ruineroit assez ; mais qu’il falloit chercher ceux qui avoient réalisé en argent ou en terres ou en maisons, ou qui avoient vendu leurs meubles à des prix exorbitants, ou qui avoient arrangé leurs affaires aux dépens de leurs créanciers.

La Houssaye dit qu’on les taxeroit aussi par rapport à ceux qui avoient des immeubles, mais que, par rapport à ceux qui avoient réalisé en argent, c’étoit une chose fâcheuse par la peine qu’il y avoit à les connoître ; qu’il arriveront cependant un bien de l’arrangement qu’on proposoit aujourd’hui, parce que le roi reprenant un nouveau crédit par la liquidation, et absorbant une partie des dettes, les réaliseurs en argent le mettroient au jour pour le prêter au roi, vu la facilité des billets payables au porteur.

M. de La Houssaye continua son discours. Après qu’il fut fini, il fut arrêté tout d’une voix qu’il seroit nommé des commissaires pour liquider les rentes sur le roi tant perpétuelles que viagères, les actions rentières et intéressées, les comptes en banque et les billets de banque.

M. le duc d’Orléans dit qu’il falloit faire un règlement qui seroit porté au premier conseil de régence pour prescrire aux commissaires les règles qu’on devoit tenir, après quoi il ne s’en mêleroit en aucune façon, renverroit tout aux commissaires, et ne feroit grâce à personne.

M. le Duc lui dit là-dessus que ce seroit le moyen que tout se passât dans la règle ; sur quoi le régent, s’adressant