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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/232

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Il alla droit se mettre dans son fauteuil, et en même temps les chevaliers sur leurs bancs, en leur rang, comme je l’ai expliqué, et Grimaldo sur le sien, seul des grands officiers et pas un des petits, ainsi je n’ai point vu où ni comment ils se placent.

Pendant qu’ils se plaçoient, la reine, la princesse des Asturies, les infants et leur suite s’allèrent mettre debout où le chiffre le marque, et moi avec tout ce qui m’avoit suivi, où le chiffre le marque, avec une vingtaine de seigneurs, et quelque peu de voyeurs se tinrent éloignés dans le bas de la salle par où nous étions entrés.

Tout ce que je viens de dire arrivé et rangé, la porte vis-à-vis du roi, par laquelle nous étions tous entrés, fut fermée, et mon fils aîné demeuré dehors avec beaucoup de gens de la cour. Alors le roi se couvrit et tous les chevaliers en même temps, sans qu’il le leur dit ni leur en fit signe, et en cet état le silence dura un peu plus d’un pater. Ensuite le roi proposa le vidame de Chartres pour être reçu dans l’ordre, mais en deux mots. Tous les chevaliers se découvrirent, s’inclinèrent sans se lever, et se couvrirent. Tout ce qui étoit spectateur, et la reine même, qui n’avoit point de siège près d’elle, n’étoient là que comme n’y étant pas, parce que le chapitre doit être secret, et n’y avoir personne que les chevaliers. Ainsi je ne fis aucune révérence qu’à la reine, qui eut la bonté de me faire des signes de compliments et de satisfaction. Après ce silence, le roi appela le duc de Liria, qui se découvrit et s’approcha du roi avec une révérence, qui lui dit sans se découvrir : Allez voir si le vidame de Chartres ne seroit point ici quelque part. Le duc de Liria fit une révérence au roi sans en faire aux chevaliers, quoique découverts en même temps que lui, sortit et la porte fut refermée, et les chevaliers couverts. Il sera souvent parlé de révérences ; mais il faut entendre toutes celles-ci, ainsi que les deux que le duc de Liria venoit de faire, des mêmes révérences qui se font ici aux réceptions