Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/375

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à Versailles, où je vois le cardinal Dubois chez M. le duc d’Orléans. — Indignité des Rohan. — Épisode nécessaire. — Plénoeuf, sa femme et sa fille, depuis marquise de Prie, et maîtresse déclarée de M. le Duc. — Infamie du marquis de Prie. — Liaison intime de Belle-Ile et de Le Blanc entre eux et avec Mme de Plénoeuf. — Elle leur attire la haine, puis la persécution de Mme de Prie et de M. le Duc. — Le cardinal Dubois, fort avancé dans son projet d’élaguer entièrement M. le duc d’Orléans, se propose de perdre Le Blanc et peut-être Belle-Ile. Conduite qu’il y tient. Désordre des affaires de La Jonchère, trésorier de l’extraordinaire des guerres, dévoué à M. Le Blanc. Belle-Ile toujours mal avec M. le duc d’Orléans. Mariage futur de Mlle de Beaujolois avec l’infant don Carlos, déclaré. Mariage du prince électoral de Bavière avec une archiduchesse, Joséphine. Fort pour amuser le roi. Mort de Ruffé. Étrange licence en France. Mort de Dacier. Érudition profonde de sa femme, et sa modestie. Mort, famille et caractère de la duchesse de Luynes (Aligre). Mort de Reynold. Mariage de Pezé avec une fille du premier écuyer.


Le lendemain, 22 août, je vins au rendez-vous, et je trouvai encore Belle-Ile dans ce grand cabinet, qui m’attendoit au passage, et qui me pressa de finir l’affaire du cardinal ; je payai de mine et d’empressement d’entrer dans le cabinet de M. le duc d’Orléans, que j’y trouvai seul, qui s’y promenoit avec l’air plus dégagé que la veille. « Eh bien ! me dit-il d’abordée, qu’avons-nous encore à dire sur l’affaire d’hier ? Il me semble que tout est dit, et qu’il n’y a plus qu’à déclarer dès tout à l’heure le premier ministre. » Je reculai deux pas et je lui dis que pour chose de telle importance, c’étoit là un conseil bientôt pris. Il répondit qu’il y avoit bien pensé, que tout ce que je lui avois dit là-dessus lui étoit fort présent ; mais qu’au bout, il étoit crevé d’affaires tout le jour, d’ennui tous les soirs, de persécutions du cardinal Dubois à tous les moments.

Je repris que cette dernière raison étoit la plus puissante ; que je ne m’étonnois pas de l’empressement du cardinal, mais beaucoup de son succès sur lui qui étoit si soupçonneux ;