Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/12

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ferme résolution de ne confier à personne son autorité, et de n’avoir dans ses ministres que des exécuteurs de ses volontés.

Deux choses l’occupèrent d’abord par dessus toutes les autres, les finances et l’armée. L’armée étoit brave, mais mal disciplinée ; le désordre des finances, que Mazarin n’avoit pas eu intérêt de réprimer, étoit à son comble : de sages réglements rétablirent parmi les troupes l’ancienne discipline, et par des réformes habilement concertées, le roi se rendit maître absolu de tous les emplois militaires[1]. En même temps il tiroit Colbert de l’obscurité où il étoit resté jusqu'alors, pour en faire son guide dans le dédale ténébreux de l’administration financière ; et ce fut pour n’avoir pu se persuader qu’un prince, jusqu'alors uniquement livré aux frivolités, mettroit cette persévérance à s’enfoncer dans d’aussi arides travaux, que le surintendant Fouquet, qui pouvoit encore conjurer l’orage que ses dilapidations avoient amassé sur sa tête, le laissa

  1. La mort du duc d'Épernon, colonel-général de l’infanterie, lui fournit l’occasion qu’il souhaitoit de supprimer cette charge comme donnant trop d’autorité à celui qui en étoit revêtu ; et tous les mestres de camp, tant d’infanterie que de cavalerie, prirent le titre de colonels particuliers de leurs régiments. Dès lors l’armée tout entière fut, pour ainsi dire, dans sa main ; et il se réserva de nommer à tous les grades, ne souffrant pas même qu’il se fît un enseigne qui ne fût de son choix.