Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/43

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Louis XIV avoit cru devoir châtier d’abord, et immédiatement après il se tourna contre les Hollandois. « (1672) Tout ce que les efforts de l’ambition et de la prudence humaine peuvent préparer pour détruire une nation, Louis XIV l’avoit fait. Il n’y a pas, chez les hommes, d’exemple d’une petite entreprise formée avec des préparatifs plus formidables. De tous les conquérants qui ont envahi une partie du monde, il n’y en a pas un qui ait commencé ses conquêtes avec autant de troupes réglées et autant d’argent que Louis XIV en employa pour subjuguer le petit État des Provinces-Unies[1]. » L’armée françoise étoit de plus de cent douze mille hommes ; l’évêque de Munster et l’archevêque de Cologne l’avoient augmentée de vingt mille soldats auxiliaires ; Condé, Turenne, Luxembourg, commandoient sous le roi cette armée formidable, qui conduisoit avec elle une nombreuse artillerie ; Vauban devoit diriger les siéges. Comment supposer qu’un petit peuple de marchands, qui n’avoit pour toute défense que vingts-cinq mille hommes de mau-*

  • soit en même temps solliciter l’Espagne de prendre une attitude

plus décisive dans des circonstances où l’union des puissances menacées par Louis XIV pouvoit seule les préserver de ses entreprises ; et certes, il n’y avoit rien en cela qui ne fût d’un esprit judicieux et prévoyant.

1 Voltaire, Siècle de Louis XIV.