Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/44

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  • vaises troupes, commandées par un jeune prince

sans expérience de la guerre[1], pourroit résister au plus puissant monarque de l’Europe, qui se faisoit maintenant des auxiliaires contre lui, ou des alliés qu’il lui avoit enlevés, ou des ennemis contre lesquels, quelques années auparavant, il l’avoit défendu ? Les Hollandois se crurent perdus, et Louis XIV, qu’ils tentèrent vainement de fléchir par leurs soumissions, le crut de même. Il entra dans leur pays avec la rapidité d’un conquérant ; dans leur extrême foiblesse, ils n’eurent pas même la pensée de l’arrêter ; et le passage du Rhin, dont l’imagination d’un grand poète[2] a su faire une action héroïque, n’eût été, sans la témérité du jeune duc de Longueville[3], qu’une espèce de promenade sur l’eau pour le roi et pour son armée. Alors cette armée inonda les provinces hollandoises,

1 Le prince Guillaume d’Orange n’avoit alors que vingts-deux ans.

2 Boileau.

3 L’infanterie hollandoise, voyant la cavalerie françoise toucher le rivage où elle s’étoit retranchée, mit bas les armes et demanda quartier ; le jeune prince, la tête pleine, dit-on, des fumées du vin, tira un coup de pistolet en criant : Point de quartier pour cette canaille. Alors, poussés au désespoir, les Hollandois firent une décharge dont il fut tué. Le prince de Condé reçut en cette rencontre une blessure, qui lui fracassa le poignet, et la seule qu’il ait jamais reçue dans toutes ses campa