Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/48

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et lui imprima le seul mouvement qu’il étoit alors convenable de lui donner.

Ce fut donc un prince protestant, et ceci ne sauroit être trop remarqué, qui conçut le projet d’une ligue générale de l’Europe catholique et protestante contre le roi de France ; qui, de lui-même, se mit à la tête de cette grande confédération, et, ce qui sans doute est admirable, sans troupes, sans états, ne jouissant que d’une autorité précaire dans une petite république presque entièrement envahie par ce terrible ennemi, changea la face des affaires, et remit en question tout ce que le vainqueur avoit cru décidé et sans retour. Le coup d’œil sûr et perçant de Guillaume reconnut d’abord que, tout intérêt commun de doctrine et de morale religieuse étant désormais banni de la société chrétienne, il suffisoit, pour en rallier les forces éparses, de lui offrir un point de réunion en l’appelant à la défense de ses intérêts matériels qu’un prince ambitieux et téméraire osoit menacer, et c’est ce qui ne manqua pas d’arriver. Cette résolution énergique, qu’il sut inspirer à ses compatriotes, de rejeter tout accommodement avec le roi de France, et de se préparer, sous la conduite d’un nouveau stathouder[1], à une défense désespérée, pro-*

1 Immédiatement après la mort des deux frères de Witt, son parti avoit forcé les magistrats à révoquer la loi qui, sous le nom