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Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/34

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à certain jour : « Oui, je suis exigeante, oui, je ne veux et ne puis rien donner, mais je veux qu’on me donne, j’y consens ; vous en souffrez, et, moi, je vous en remercie. » Oh ! que cette amitié d’une même teinte, voyez-vous, me mènera à mal… C’est triste, chère madame, de si peu s’entendre ; je fuirai un jour loin de vous, loin de votre monde que je finirai par exécrer. En disant cela, j’y vais une fois encore, mais un peu de vérité m’échappe, quoi que j’en aie. Je suis homme à tout faire un certain jour pour m’arracher à ce qui eût pu être si doux, en restant si pur. Ce que je dis là va me perdre ; vous me répondrez que vous n’y comprenez plus rien, que c’est en contradiction avec hier. Tel est le cœur, le pauvre cœur auquel il peut arriver toute la douleur, toute l’amertume, toute l’agonie mortelle, sans que cela altère le moins du monde la douce et ineffable pâleur de vos rêveries.