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PENSÉES



Joseph avait l’habitude d’écrire sur des feuilles volantes, sur de petits carrés de papier, et quelquefois aux marges de ses livres, les idées, les remarques qu’il avait entendues de ses amis, ou qui lui venaient, à lui-même, dans ses lectures et ses promenades. Nous en avons ici réuni quelques-unes sous le titre de Pensées. Ces Pensées ont trait à divers points spéciaux de poésie et d’art, auxquels Joseph avait beaucoup réfléchi vers les derniers temps, et elles ne seront peut-être pas sans intérêt pour les lecteurs curieux de ces sortes de questions.


I

La vérité, en toutes choses, à la prendre dans son sens le plus pur et le plus absolu, est ineffable et insaisissable ; en d’autres termes, une vérité est toujours moins vraie, exprimée, que conçue. Pour l’amener à cet état de clarté et de précision qu’exige le langage, il faut, plus ou moins, mais nécessairement