Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
DE JOSEPH DELORME.


Tout jetait des éclairs autour du roi superbe.

Victor Hugo.



Les monts dont un rayon baigne les intervalles.

Victor Hugo.



Ondoyer sous les vents l’albâtre des panaches.

Émile Deschamps.



Le soleil et les vents dans ces bocages sombres
Des feuilles sur ses traits faisaient flotter les ombres,

Alfred de Vigny.



Les gants rompus livrant les bras, les mains trahies.

Paul Foucher.


Ces sortes de vers se lient assez intimement à la facture pour que moi, qui dans ma première manière ne m’en serais jamais avisé, j’en aie rencontré plus d’un depuis que je travaille à la moderne, ou, ce qui revient au même, à la manière des vieux d’avant Boileau :


De grands tas aux rebords des carrières de plâtre…
Remêlant quelque poudre au fond d’un verre d’eau…
À genoux, de velours inonde au loin les dalles.


Qu’ont de commun entre eux tous ces vers que je viens de citer et tous ceux que j’omets ? se ressemblent-ils autrement que par le plein, le large et le copieux ? Ça qu’il y a de certain, c’est qu’ils me font, à moi et à plusieurs de mes amis, l’effet d’être de la même famille.

Les langues anciennes ont à chaque pas de tels vers, et c’est le grand courant de leur fleuve en poésie. Pourquoi faut-il qu’en français on les compte ?


VII

Depuis quelque temps la mode s’introduit d’opposer Lamartine, aux poëtes de la nouvelle école, comme s’il n’en était pas,