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PENSÉES

entre ces deux sortes de vers d’autres différences non moins caractéristiques, quoique à peu près indéfinissables. Ainsi les poëtes de la nouvelle école abondent en une espèce de vers dont Rotrou a comme donné le type dans le second des deux suivants ; c’est saint Genest qui parle des chrétiens :

Moi-même les ai vus, d’un visage serein,
Pousser des chants aux cieux dans des taureaux d’airain.


Les vers de cette espèce sont pleins et immenses, drus et spacieux, tout d’une venue et tout d’un bloc, jetés d’un seul et large coup de pinceau, soufflés d’une seule et longue haleine ; et, quoiqu’ils semblent tenir de bien près au talent individuel de l’artiste, on ne saurait nier qu’ils ne se rattachent aussi à la manière et à la facture. On en trouve très-rarement de pareils dans la vieille école, même chez Racine, et les nouveaux poëtes en offrent des exemples en foule.

L’or reluisait partout aux axes de tes chars.

André Chénier.


Car, en de longs détours de chansons vagabondes,
Il enchaînait de tout les semences fécondes,
Les principes du feu, les eaux, etc.

André Chénier.


Ainsi le grand vieillard en images hardies
Déployait le tissu des saintes mélodies.
Les trois enfants, émus à son auguste aspect,
Admiraient, d’un regard de joie et de respect,
De sa bouche abonder les paroles divines,
Comme en hiver la neige au sommet des collines.

André Chénier.


Le rayon qui blanchit ces vastes flancs de pierre,
En glissant à travers les pans flottants du lierre,
Dessine dans l’enceinte un lumineux sentier.

Lamartine.


La ruine, abaissant ses voûtes inclinées.

Lamartine.