Éclos avant le jour et nés des souvenirs,
Ont chanté l’espérance à son âme éveillée.
De l’oiseau familier la voix sous la feuillée,
D’elle seule entendue, a chassé sa langueur :
Pour un hôte invisible, il est fête en son cœur.
IX
SONNET
Triste, loin de l’Amie, et quand l’été décline,
Quand le jour incliné plait à mon cœur désert,
Sans un souffle de vent, sous un ciel tout couvert
D’où par places la pluie échappait en bruine,
Je sortais du taillis au haut de la colline :
Soudain je découvris comme un sombre concert
De la nature immense : avec un dur flot vert
La rivière au tournant, d’ordinaire si fine ;
Et tous les horizons redoublés et plus bleus
Fonçaient d’un ton de deuil leur cadre sourcilleux ;
Les bois amoncelaient leurs cimes étagées ;
Et la plaine elle-même, embrunissant ses traits,
Au lieu de l’intervalle et des longues rangées,
Serrait ses peupliers comme un bols de cyprès.