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DE JOSEPH DELORME.

Dans cette cage ouverte, ainsi cette jeune âme
Vit, respire en plein air et livre ses secrets.

Oh ! non, elle les cache et se garde fidèle
Au jeune ami qui rôde et dont on est jaloux :
Plus heureux il évite, il ose être loin d’elle,
De peur de laisser voir ce qui serait trop doux !

Ô si j’étais poète, ô ! dès l’aube, à chaque heure,
Je viendrais m’égarer jusqu’aux ombres des nuits :
Sous les piliers tournants de la vague demeure
Je viendrais enchaîner, dérouler mes ennuis.

Chaque fois, en passant, j’essaierais sa louange
D’un vers harmonieux et d’un timide chant ;
Ma lèvre aurait ces mots de jeune fille et d’ange :
La Stance sur ses pieds grandirait en marchant,

Puis le tour accompli du portique sonore
Me ramènerait juste au pilier qui me plaît,
Et la rime à l’instant, riche et docile encore,
Viendrait, à jeune Belle, enfermer le couplet.

— Regret de nos printemps ! Espérance adorée !
Ô promenoir si cher à nos libres amours !
Ô traces d’autrefois, qui revivent toujours !
Ô jeune Ami, pourquoi me l’as-tu donc montrée ?