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ET TÉMOIGNAGES.

« Ce que j’ai voulu dans Joseph Delorme, ç’a été d’introduire dans la poésie française un exemple d’une certaine naïveté souffrante et douloureuse. » —

« Je ne m’exagère pas la valeur de Joseph Delorme : ç’a été au moins le Potterley de la poésie (Potterley était un jeune peintre coloriste, mort de bonne heure, un peu anglais de goût et d’origine.) » —

« Je reviens du Salon de 1857 ; je viens d’y voir des paysages charmants et naturels. Il y a trente ans tout à l’heure que j’essayais dans la poésie de Joseph Delorme d’introduire quelques-uns de ces traits de nature et d’observation, dont je vois aujourd’hui le triomphe et l’accomplissement facile dans les tableaux des Rousseau, des Corot, des Cabat, des Flers, D’Aubigny, Français, Edmond Hédouin, Lambinet, etc. — De courtes et vives élégies dans des coins de nature. »


Enfin, à propos de Joseph Delorme et de la pièce capitale des Rayons jaunes qui est à prendre ou à laisser, mais qui exprime et résume le genre même, il a été dit encore (et ceci n’est plus de moi) :


« Il y a poésie là-dedans plus que dans toute autre publication rimée de ce temps. J’ai connu une femme qui était belle, mais dont l’haleine sentait toujours la fièvre d’une nuit agitée : voilà la poésie de ce M. Delorme. Ce n’est pas sain, mais c’est pénétrant. »


— Il est bien entendu que tous ces jugements et témoignages des anciens amis ne s’appliquent qu’au Joseph Delorme primitif, qui se termine à la page 172 de ce volume.