Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/512

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
PENSÉES D’AOÛT.


Jusqu’à ce que, naissant à propos, ait marché
Une Étoile plus blanche ; et d’un flambeau penché
Elle a mis son jour sur la scène,
Et la molle lueur a débrouillé les cieux,
Et les nœuds ont fait place au chœur harmonieux
Que la lune paisible mène.

Et, la lune endormie à son tour se couchant,
Tout bientôt ne devient, le matin approchant,
Qu’une même et tendre lumière,
Comme en venant j’ai vu, vers l’aube, près de Blois,
Ciel, coteaux, tout blanchir et nager à la fois
En votre Loire hospitalière !


Aux Rangeardiéres, près Angers, 4 août 1835.


SONNET


À MADAME P.


Heureux, loin de Paris, d’errer en ce doux lieu,
Je venais de quitter le petit Bois des Dames,
Et m’écartant de l’Oise, où lavaient quelques femmes,
J’allais, gai villageois, léger, en sarrau bleu,

Chapeau de paille au front, du côté de Saint-Leu,
Quand soudain, me tournant vers le couchant en flammes,
Je vis par tout le pré des millions de trames,
Blancs fils de bonne Vierge aux longs réseaux de feu.