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PENSÉES D’AOÛT.

Comme un osier en fleur qu’un vent avait courbé,
Violent, du côté du marais embourbé,
Se redresse au soleil et brille sur la haie
Var le plus gai duvet de toute l’oseraie.

Mais quand l’aigreur mauvaise a duré trop longtemps,
Quand le pardon se tait, c’est en vain qu’au printemps
Vous marchez, seul et Roi, dans vos plaines brillantes,
L’âme ouverte aux parfums des forêts et des plantes,
Admirant l’Océan où s’achèvent les cieux ;
Car ce nuage prompt, cette ride en vos yeux,
Qu’est-ce ? sinon en vous un souvenir qui passe,
Réveillé par le lieu peut-être, par la trace
Qu’y laissa votre ami, discourant autrefois
Avec vous de ces fleurs et du nom de ces bois,
Et du dôme sans fond qui s’appuie à l’abîme,…
Ou des molles erreurs qui furent votre crime.


TROIS SONNETS

imités de Wordsworth


I

REPOSEZ-VOUS ET REMERCIEZ


(Au sommet du Glencroe)[1].


Ayant monté longtemps d’un pas lourd et pesant
Les rampes, au sommet désiré du voyage,

  1. En Écosse.