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NOTES ET SONNETS.

De ces traits infinis qui toujours me font dire
Que l’aspect le plus vrai, c’est le plus recouvert !


De ces monts tout est beau, chaque heure en à ses charmes,
Chaque climat y passe et s’y peint tour à tour ;
Et même l’étranger, s’il y vit plus d’un jour,
À les trop regarder se sent naître des larmes !


SONNET


Sit meæ sedes utinam senectæ,
Sit modus lasso maris et viarum

Horace.


Paix et douceur des champs ! simplicité sacrée !
Je ne suis que d’hier dans ce repos d’Eysins,
Et déjà des pensers plus salubres et sains
M’ont pris l’âme au réveil et me l’ont pénétrée.

Point de merveille ici ni de haute contrée,
Point de monts, de rochers, si ce n’est aux confins ;
Mais des vergers, des prés, l’un de l’autre voisins,
Le cimetière seul, colline séparée.

Ô doux chemins tournants ! ô verte haie en fleur !
Blonde Reine des prés, leur plus tendre couleur
Promenade insensible, avec oubli suivie,