le tout finit, selon son usage, par une comparaison végétale :
« En somme, Théotime, nostre chetive nature, navrée par le péché, fait comme les palmiers que nous avons de deçà, qui font voirement certaines productions imparfaictes et comme des essais de leurs fruits ; mais de porter des dattes entières, meures et assaisonnées, cela est réservé pour des contrées plus chaudes[1]. »
Cette seule différence indiquée du païen au chrétien, dans le degré du plus ou moins de chaleur, eût fait se récrier Jansénius, qui voyait dans le domaine de la Grâce une sphère complète, inverse de tout point à celle de la Nature déchue et précipitée, et dans celle-ci non pas une diminution du bien, mais une subversion.
Saint François, pour le dogme, était tout à fait de ce Christianisme général, comme on l’entend aisément hors de la théologie et même hors d’une pratique rigoureuse, de ce Christianisme qui, malgré saint Augustin et les Conciles répresseurs des semi-Pélagiens, avait transpiré dans toute la Chrétienté et faisait loi ou du moins flottait dans les esprits, selon l’idée commune de la mansuétude de l’Évangile : cette façon d’entendre le Christianisme n’a pas moins continué à circuler depuis, et on y rattache irrésistiblement le nom de Fénelon. Saint François avait été élevé chez les Jésuites, et il en avait pris ces doctrines plus douces,
- ↑ Traité de l’Amour de Dieu, liv. I, chap. XVII
avoit faites autrefois à saint Augustin… » Il défendait l’honnête ambition et un juste désir d’honneur, et citait adroitement une phrase de M. le président Seguier où, dans un livre sur les Éléments de la Connaissance de Dieu et de Soi-même, il est parlé avec espoir de salut des vertueux Païens, de manière à se couvrir de cette autorité devant le chancelier Seguier (neveu du président). Le docte et zélé janséniste (M. Hermant), auteur de cette Histoire, s’emporte contre l’impunité où on laissait M. de La Mothe-le-Vayer écrivant de telles choses, et s’en réfère à la justice de Dieu.