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PORT-ROYAL.

consultation qu’il osa donner par écrit, et qui fut même trouvée, dit-on, parmi les papiers du duc d’Arschot, compromis en cette affaire, d’unir les Catholiques flamands avec les Hollandais protestants, et de composer un corps mi-parti des deux créances[1]. Peu après, à l’occasion de la déclaration de guerre de la France (1635), et pour corriger sans doute l’impression qu’avait pu faire cet écart séditieux de conduite dans l'esprit de la Cour de Madrid, mais aussi, il est permis de le croire, par un fonds d’impulsion patriotique, il composa, de concert avec le président Roze, sous le titre de Mars Gallicus, un pamphlet latin des plus énergiques contre la prérogative des Rois Très-Chrétiens, contre la politique du cardinal de Richelieu en particulier, et le choix des alliés luthériens et calvinistes que se donnait ce prince de l’Église romaine : les désastres qui en résultaient pour l’Allemagne catholique s’y dépeignaient vivement. L’auteur en faisait porter la responsabilité à Louis XIII, à ce roi dit le Juste, qu’il raillait sur ce surnom : «Or, que le Roi Très-Chrétien ne se trompe point, et qu’il ne croie pas que sa conscience soit pure et déchargée du crime de lèse-religion, pour quelques sentiments de piété qui passent pour lui être ordinaires et qu’il a même prouvés, dit-on, en versant d’abondantes larmes, quand le récit de la ruine des églises allemandes et des désastres de la religion retentissait à ses oreilles… Le roi Hérode aussi

  1. C’est le même homme qui, trois ou quatre ans auparavant, lors du siège de Bois-le-Duc par les Hollandais, consulté sur cet autre cas de conscience : Est-il permis aux confesseurs d’absoudre les Français catholiques qui portent les armes sous le prince d’Orange, et particulièrement en ce siège de Bois-le-Duc ? répondait : Non, pas même à l'article de la mort, si ce n’est sous promesse de quitter cette milice. (Lettre du 29 juin 1629.) Mais, on le comprend, sa réponse venait moins de fanatisme religieux que de passion politique : celle-ci fut très ardente chez Jansénius, et dans ses variations (voilà l’excuse) toujours au profit des Flandres.