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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t1, 1878.djvu/52

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PORT-ROYAL.

n’avait été propre qu’à produire au plus cette sorte de racine. D’après cela, on aurait dit Porrois comme on dit Ormesson, Épinay, L'Ormois, La Chesnaye, d’après les ormes, les chênes, les épines que ces divers lieux produisent.

La tradition fabuleuse qui se mêle à toutes les fondations célèbres, ce nuage fatidique qui couvre tous les berceaux des grandes destinées, la légende enfin, une fois ce beau nom de Port-Royal adopté (car c’est à celui-là qu’on réduisit bientôt tous les autres de Porrais, Porréal, en latin Porretum, Porrasium, Porregium), se mit à le vouloir expliquer avec une sorte de gloire. On supposa donc que Philippe-Auguste, s’étant un jour égaré à la chasse dans ce pays tout couvert, avait été retrouvé par ses officiers à l’endroit resserré du vallon où s’élevait déjà une humble chapelle à saint Laurent, et qu’en ce lieu, qui avait été pour lui comme un port de salut, il avait fait voeu de bâtir un monastère. Voilà donc Philippe-Auguste fondateur du couvent, ce qui s’accorde assez difficilement avec l’autre tradition qui donne Mathilde pour fondatrice. Les historiens de Port-Royal, Du Fossé dans ses Mémoires, dom Clémencet dans son Histoire générale du monastère[1]MM. de Sainte-Marthe dans le Gallia christiana, bien qu’habitués tous à la critique historique, ne se sont pas trop donné la peine d’accorder les deux versions, craignant sans doute de perdre à l’examen la dernière, plus royale et plus flatteuse. Tite-Live n’aurait pas renoncé volontiers aux histoires du mystérieux berceau et de la louve romaine. La mère Angélique avait trouvé, dit-on, dans les archives de la maison un petit papier sur lequel était rapportée cette histoire de Philippe-Auguste. Quelque cellérière qui avait de l’imagination aura fait comme,

  1. Histoire générale de Port-Royal, 10 vol. in-12, 1755-1757.