Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
LIVRE DEUXIÈME.

M. de Pontchâteau, qui finit par les mêmes excès, prit part auparavant au même genre d’emplois. Il parut à son tour le commis-voyageur infatigable, ou, si l’on aime mieux, l’ambassadeur ordinaire de Port-Royal. Il y vint pour la première fois en 1651 ; mais ses allées et venues, même au moral, furent fréquentes. Son inconstance d’humeur le poussait aux voyages ; sa naissance l’y aidera et lui ouvrira les voies. Il était de l’illustre famille bretonne Du Cambout et neveu du cardinal de Richelieu, comme le répètent, non sans quelque emphase, tous nos biographes jansénistes très-flattés, — un neveu à la mode de Bretagne. Nous aurons à le rencontrer perpétuellement.

Dès les années mêmes dont nous parlons, M. Du Gué de Bagnols, de Lyon, jeune maître des Requêtes, et son intime ami M. Maignart de Bernières, de Rouen, maître des Requêtes également et allié de la famille Du Fossé, sans pouvoir être rangés au nombre des pénitents proprement dits domiciliés à Port-Royal, se constituèrent les agents dévoués de cette maison dans le monde, et on les appelait à bon droit les Procureurs généraux des pauvres. Ce sont les modèles des veufs ayant des enfants. M. de Bernières vendit, dès qu’il le put, sa charge. Il contribua le premier, et plus que personne, durant son séjour à Rouen, à déposer les semences et les notions vraies du Christianisme dans l’âme de madame de Longueville. Pour être plus près de nos amis, il acquit (de M. Des Touches, je crois) la terre du Chesnai près Versailles. On aura occasion de dire, en parlant des petites Écoles très-accrues, et régulièrement établies dès 1646 à Paris, dans le cul-de-sac Saint-Dominique-d’Enfer, qu’elles furent dans la suite, et lors des tracasseries qu’on leur suscita, transférées en partie au Chesnai, chez M. de Bernières.[1]

  1. Il n’y a pas à confondre notre M. de Bernières avec cet autre